Factures, bulletins de paie, contrats, relevés bancaires : si vous gérez une entreprise, vous en manipulez des dizaines (voire des centaines) chaque mois. Mais une fois classés, que faut-il en faire ? Quelle est la durée de conservation des documents ? Et surtout… pourquoi est-ce si important de respecter ces délais ? Pas de panique ! Dans cet article, on vous explique tout simplement pour vous permettre d’être en règle, de protéger vos droits et de gagner en sérénité face aux contrôles comme aux litiges.
Ce sont deux notions qu’on confond souvent, et pourtant, elles ne recouvrent pas tout à fait la même réalité. La durée de conservation des documents correspond à la période pendant laquelle vous êtes tenu de garder un document. C’est une obligation légale, imposée par le Code du commerce, le Code du travail ou encore le Code général des impôts (selon le type de document concerné).
La durée de prescription, elle, désigne le délai pendant lequel une action en justice peut être engagée. En clair, c’est le temps durant lequel quelqu’un peut vous réclamer quelque chose (ou inversement, vous pouvez faire valoir un droit). Et attention : cette durée peut être différente de celle de conservation ! Le délai de prescription démarre à partir du moment où la personne concernée prend connaissance des éléments qui lui donnent le droit d’agir (article 2224 du Code civil). Un petit exemple ? Une facture doit être conservée 10 ans en comptabilité, mais la prescription commerciale est généralement de 5 ans. Cela signifie qu’au-delà de ces 5 ans, on ne pourra plus vous réclamer le paiement… mais vous devrez quand même pouvoir produire la facture en cas de contrôle.
Ces documents retracent vos relations contractuelles, vos échanges professionnels ou encore la gestion de vos garanties. Ils sont indispensables en cas de litige avec un fournisseur, un client ou un prestataire. Mieux vaut les avoir sous la main !
Type de document |
Durée de conservation des documents |
Contrats ou conventions conclus dans le cadre d'une relation commerciale, correspondances commerciales (papier ou électronique) |
5 ans |
Documents bancaires (talons de chèque, relevés bancaires, etc.) |
5 ans |
Garanties pour les biens ou services fournis au consommateur |
2 ans |
Contrats conclus par voie électronique avec un consommateur (à partir de 120 €) |
10 ans à partir de la livraison ou de la prestation |
Contrats d'acquisition ou de cession de biens immobiliers et fonciers |
30 ans |
Déclarations en douane |
3 ans |
Polices d'assurance |
2 ans à partir de la résiliation du contrat |
Documents relatifs à la propriété intellectuelle (dépôt de brevet, marque, dessins et modèles) |
5 ans à partir de la fin de la protection |
Dossiers d'avocat |
5 ans à partir de la fin du mandat |
Ce sont les fondations de votre comptabilité : journaux, factures, bons de commande… Des documents à garder précieusement, car ils prouvent chaque mouvement financier enregistré dans vos livres.
Type de document |
Durée de conservation des documents |
Livres et registres comptables : livre journal, grand livre, livre d'inventaire, etc. |
10 ans à partir de la clôture de l'exercice |
Pièces justificatives : bons de commande, de livraison ou de réception, factures clients et fournisseurs, etc. |
10 ans à partir de la clôture de l'exercice |
Vos obligations fiscales génèrent de nombreux justificatifs. Ils doivent être conservés pour faire face à d’éventuelles vérifications de l’administration, qui peut revenir jusqu’à 6 ans en arrière. À noter que les délais sont portés à 10 ans si l’administration découvre une activité non déclarée ou hors cadre légal (fraude fiscale, travail dissimulé, absence de déclaration, activité illicite) !
Type de document |
Durée de conservation des documents |
Impôt sur le revenu (IR) et impôt sur les sociétés (IS). |
6 ans |
Bénéfices industriels et commerciaux (BIC), bénéfices non commerciaux (BNC) et bénéfices agricoles (BA) en régime réel. |
6 ans |
Impôts directs locaux (taxes foncières, etc.) |
6 ans |
Cotisation foncière des entreprises (CFE) et cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) |
6 ans |
Taxes sur le chiffre d'affaires (TVA et taxes assimilées, impôt sur les spectacles, taxe sur les conventions d'assurance, etc.) |
6 ans |
Ils témoignent de la vie juridique de votre société : statuts, procès-verbaux, rapports… Ces documents sont souvent demandés en cas de modification de l’entreprise ou de vérification du respect des règles de gouvernance.
Type de document |
Durée de conservation des documents |
Comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexes...) |
10 ans à partir de la clôture de l'exercice |
Statuts d'une société, d'un GIE ou d'une association (si nécessaire, pièces modificatives des statuts) |
5 ans à partir de la perte de personnalité morale (ou radiation du RCS) |
Traités de fusion et autres actes liés au fonctionnement de la société (y compris les documents de la société absorbée) |
5 ans |
Registres de titres nominatifs, registres des mouvements de titres, ordres de mouvement, registres des procès-verbaux d'assemblées et de conseils d'administration |
5 ans à partir de la fin de leur utilisation |
Rapports du gérant ou du conseil d'administration |
3 derniers exercices |
Rapports des commissaires aux comptes |
3 derniers exercices |
En cas de contrôle de l’URSSAF, de litige prud’homal ou de vérification des cotisations, ces documents sont essentiels. Ils permettent de prouver la conformité de vos pratiques RH et sociales.
Type de document |
Durée de conservation des documents |
Bulletins de paie (double papier ou électronique) |
Le double du bulletin de salaire est conservé pendant 5 ans par l'employeur, avec disponibilité du bulletin de paie sous forme électronique pendant une durée de 50 ans |
Registre unique du personnel |
5 ans à partir du départ du salarié |
Documents concernant les contrats de travail, salaires, primes, indemnités, soldes de tout compte, régimes de retraite |
5 ans |
Documents relatifs aux charges sociales et à la taxe sur les salaires |
3 ans |
Comptabilisation des jours de travail des salariés sous convention de forfait |
3 ans |
Comptabilisation des horaires des salariés, des heures d'astreinte et de leur compensation |
1 an |
Observations ou mises en demeure de l'inspection du travail, vérifications et contrôles du comité social et économique (CSE) |
5 ans |
Déclarations d'accident du travail auprès de la caisse primaire d'assurance maladie |
5 ans |
Respecter la durée de conservation des documents n’est pas seulement une obligation réglementaire : c’est aussi un véritable atout pour votre entreprise. En pratique, cela vous sert à :
Bon à savoir : même si un document n’a pas de valeur contractuelle, il peut renforcer votre position. C’est pourquoi il est toujours utile de conserver vos échanges écrits, surtout dans les dossiers sensibles.
La durée de conservation des documents mentionnée correspond aux périodes minimales : ces durées couvrent les cas où vous pouvez faire valoir un droit (comme une demande de remboursement), mais aussi ceux où l'on pourrait vous adresser une réclamation, par exemple pour un paiement en retard.
Cela dit, rien ne vous empêche de les conserver plus longtemps, surtout si vous souhaitez vous prémunir en cas de litige ! En effet, la durée de conservation des documents ne couvre pas toutes les situations juridiques. Ils peuvent être prolongés en cas d’interruption ou de suspension de la prescription.
Par exemple, lorsqu’un individu est mineur, certains délais ne débutent qu’à sa majorité. Enfin, un même document peut servir de preuve dans des contextes très variés : mieux vaut donc jouer la carte de la prudence.
Lors d’un litige, il arrive qu’une entreprise n’ait plus le document original à présenter. Dans ce cas, il est possible de fournir une copie à condition que celle-ci soit exacte, fidèle et durable (c’est-à-dire non modifiable). Ce sera ensuite au juge d’apprécier si cette copie est recevable comme preuve.
Bon à savoir : pour certains documents spécifiques (comme les lettres ou factures émises à l’occasion d’une vente), une copie peut suffire. Mais pour tous les autres documents pouvant être demandés par l’administration fiscale, c’est l’original qui est concerné par la durée de conservation des documents.
Maintenant que vous en savez plus sur la durée de conservation des documents, prenons le temps d’aborder la question des formats. Les documents comptables et juridiques peuvent être conservés en format papier ou électronique. Ce qui compte, c’est que :
C’est d’ailleurs pour cette raison que le livre-journal et le livre d’inventaire peuvent être tenus de manière entièrement numérique, à condition qu’ils soient numérotés, datés et sécurisés dès leur création.
Si un document est créé ou reçu sous forme informatique, vous devez le garder au format numérique pendant au moins 3 ans, durée de conservation des documents pendant laquelle l’administration fiscale peut engager un contrôle. Ensuite, vous pouvez le stocker sur le support de votre choix (papier ou numérique), à condition de le conserver encore 3 années supplémentaires.
Avoir les bons documents, c’est une chose. Pouvoir les retrouver facilement pendant toute la durée de conservation des documents, c’en est une autre ! Pour éviter de perdre un temps fou (ou de paniquer en cas de contrôle), mieux vaut mettre en place une organisation simple mais efficace :
Si l’administration fiscale vous contrôle et que vous ne pouvez pas produire les documents demandés (factures, journaux comptables, déclarations…), elle peut considérer que vous n’avez pas respecté vos obligations concernant la durée de conservation des documents. Résultat ? Vous risquez :
Et dans les cas les plus graves, si elle soupçonne une dissimulation volontaire, des sanctions pénales peuvent aussi entrer en jeu.
Sans document pour prouver une vente, un règlement ou un accord, vous pourriez perdre un droit. Par exemple :
Face à un ancien salarié, un client mécontent ou un fournisseur en désaccord, vos documents sont vos meilleurs alliés. Contrat, bulletin de paie, e-mails : tous ces éléments vous permettent de démontrer que vous avez respecté vos engagements. S’ils ont disparu, c’est votre parole contre la leur, et ce n’est pas toujours en votre faveur !
Respecter la durée de conservation des documents, c’est un peu comme construire les fondations d’une maison solide : invisible au quotidien… mais indispensable quand les choses se compliquent. En respectant ces délais, vous sécurisez votre activité, vous évitez les mauvaises surprises en cas de contrôle, et vous vous donnez les moyens d’agir en toute sérénité.
Mais on le sait : quand on est une petite entreprise, on a rarement le temps (ou l’envie) de jongler avec les papiers, les classeurs, les sauvegardes. C’est pourquoi Dext a décidé de s’adresser directement aux TPE et aux PME dès 2025, avec une ambition simple : vous donner les clés pour mieux piloter votre activité, tout en valorisant votre rôle auprès de votre expert-comptable.
Que vous gériez déjà votre compta ou que vous commenciez à mettre de l’ordre dans vos documents, Dext vous accompagne pas à pas. Et si demain, c’était vous qui recommandiez à votre comptable un outil taillé pour les pros comme vous ?