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Intelligence artificielle et comptabilité : quels réels enjeux ?
Publié le: 20.01.2025

Intelligence artificielle et comptabilité : quels réels enjeux ?

Intelligence artificielle et comptabilité : quels réels enjeux ?

Intelligence artificielle & comptabilité : les vrais enjeux pour les cabinets et leurs clients

Comme chaque année, nous avons organisé, chez Dext, une émission sur les tendances en comptabilité de 2025. Ainsi, le 12 décembre 2024, Boris Sauvage (vice-président du CNOEC), Laurie Stromboni (présidente du CJEC), Régis Samuel (DG de MyUnisoft) et Florent Dujardin (DG de Dext France) ont débattu sur trois thématiques fortes pour la profession. Le dernier sujet traité concerne les enjeux de l’intelligence artificielle en comptabilité. Nous vous restituons dans cet article les idées majeures qui en ressortent.


Intelligence artificielle et comptabilité : quel impact sur le métier et le rôle de l’expert-comptable pour 2030 ?

Les résultats du sondage relatif aux impacts de l’IA sur le rôle de l’expert-comptable d’ici 2030 sont sans surprise. Deux tiers des votants ont choisi la réponse : “un mix entre une automatisation complète des tâches et une évolution vers le rôle de conseiller stratégique”.

Une nouvelle ère technologique pour l’expertise comptable, au-delà de la dématérialisation des factures

Comme le précise Florent Dujardin, “l’IA est l’imitation de la pensée humaine dans des machines. Çà le fait très bien pour analyser de grandes bases de données pour prédire quelque chose. C’est ce qu’on sait très bien faire chez Dext, par exemple avec la catégorisation. Et, aujourd’hui, la seconde révolution, l’IA générative, est arrivée. Elle va faciliter le rapport entre l’humain et la machine. Il suffit de poser une question et on a sa réponse”.

Pourtant, dans les faits, l’expert-comptable et l’IA, cela semble encore assez flou, au-delà du machine learning pour la saisie comptable automatique des factures. Laurie ajoute en effet : “on a encore un gros besoin d’explication sur le fonctionnement. Ça reste quelque chose d’un peu magique. On pose une question et on a une réponse. Il y a un gros amalgame, car beaucoup de personnes pensent que c’est une réelle intelligence qui a été créée”.

Un risque de cabinets d’expertise comptable à deux vitesses face aux outils IA

Les cabinets restent parfois circonspects face à l'utilisation de l’IA en comptabilité, surtout l’IA générative. Autoriser (et comment ?) ou interdire ChatGPT, voilà une problématique qui fait partie des dilemmes.

Selon Boris Sauvage, “l’IA est un outil avant tout et il faut savoir comment l’utiliser. Il ne faut pas se demander si on va l’utiliser ou pas”. Il ajoute que le risque est d’engendrer une fracture entre deux types de cabinets d’expertise comptable. Le pire serait de voir certains l’adopter et avancer alors que d’autres resteraient sur le bord du chemin. Et, il conclut ainsi : “c’est un outil sensationnel pour notre métier. L’enjeu est une adoption massive et non pas à deux vitesses”.

Des craintes autour de la cybersécurité et de la confidentialité des données

Ce sont les mots qui reviennent pendant toute l'émission : la sécurité et la confidentialité. Les craintes ressenties freinent assurément le déploiement effectif et raisonné de l’IA en comptabilité, au-delà de la dématérialisation.

Laurie explique “que certains experts-comptables ne poussent pas l’IAG, mais des collaborateurs posent des questions sur leur téléphone. Ils font finalement entrer l’IA dans l’entreprise”.

Régis conclut : “la confidentialité, l'anonymisation et la sécurité sont des éléments essentiels pour l'onboarding des collaborateurs”.

Un usage pourtant simplifié des nouvelles technologies dans les entreprises grâce à l’IA

Avec l’intelligence artificielle générative, l'utilisation des technologies devient plus fluide. Il suffit souvent d'interroger un robot conversationnel pour obtenir une solution à son problème technique. Donc, la problématique ne devrait plus être de se former sur la technologie. En revanche, oser vendre des missions à son client ou régler une situation difficile avec un collaborateur, cela relève encore parfois du challenge.

C’est donc surprenant que la maîtrise des technologies ressorte comme compétence à prioriser pour demain, dans un des sondages dévoilés lors de l'émission.

Les applications concrètes de l’IA pour la finance en cabinet comptable

L’usage de l’intelligence artificielle en comptabilité et en gestion était déjà une tendance pour l'année 2024. Cela va crescendo. Il commence par l’automatisation des écritures et attaque ensuite la data sous des angles multiples. En fait, dans de nombreuses applications informatiques, les systèmes de chatbot natifs et sécurisés apportent du confort aux utilisateurs au quotidien. Toutefois, le risque de transfert de valeur à l’IA ou aux éditeurs a fait l’objet d’échanges nourris.

L’automatisation des écritures, une utilisation effective de l’IA à généraliser

Comme évoqué lors de l’émission sur le thème de la facture électronique, la dématérialisation des factures progresse dans les petites entreprises. Elle comporte de l’IA. Cette partie de l’intelligence artificielle est déjà disponible et les équipes se l’approprient de plus en plus.

Toutefois, le processus demande à s’intensifier. Dématérialiser et automatiser constitue la première marche de l'intelligence dans les TPE et PME. Il appartient aux experts-comptables d’accélérer la transformation digitale de leur cabinet ainsi que l’accompagnement de leurs clients.

L’IA prédictive pour les cabinets : un accompagnement ++ des entreprises pour la gestion

Avec l’intelligence artificielle, la capacité à établir des prévisions financières en partant des données passées s'accroît. Les collaborateurs économisent du temps. Les prévisionnels gagnent en pertinence. Les rendus des rapports s’améliorent.

Régis Samuel témoigne des possibilités pratiques qu’apporte la technologie IA pour l’analyse financière et les prévisions : “Chez MyUnisoft, on a creusé l’IA prédictive pour bien travailler sur l’accompagnement du client. L’IA peut nous aider dans le changement de la relation entre le client et l’expert-comptable”.

La GED intelligente, une avancée technologique en cours de développement chez Dext

Un autre exemple bientôt concret pour les collaborateurs comptables, c’est l’innovation expliquée par Florent Dujardin : la gestion électronique de documents intelligente.

Dext est en train de tester la GED intelligente. On va extraire toutes les données de tous les documents au-delà des factures. L’utilisation de l’intelligence artificielle générative donnera un petit résumé à côté de chaque document. La GED permettra aussi de faire un rappel quelques mois avant le renouvellement du contrat, afin de ne pas oublier”.

Le risque de transfert de valeur : mythe ou réalité ?

Ce sujet a conduit à des points de vue assez divergents.

Florent Dujardin évoque le risque suivant pour demain : “l’expert-comptable arrive après le logiciel, ce qui est très dangereux. Si on n’a pas la proactivité pour aller soi-même proposer des services au client, l’IAG va répondre, elle, en une seconde. Donc répondre en une journée pour l’expert-comptable ne servira plus à rien”.

Pour Régis Samuel, évitons de “laisser les clés au client pour avoir directement un rapport en IA générative, car il ne pourra pas être revu par l’expert. Il faut en revanche que l’expert se repose sur l’IA générative pour améliorer le rendu de ses rapports”.

Laurie Stromboni pense que la valeur de l’expert-comptable ne provient pas du travail de production pure et de saisie des documents. Il n’y a donc pas de problème de transfert de valeur à ce niveau. En revanche, elle ajoute : “il y a un plus risque de perdre le point d’entrée qui est de toute façon la comptabilité, plutôt que perdre la valeur. Mais, certains clients ne sont pas en majorité sur l’IA toute la journée et ont du mal à scanner leurs factures. Il y a encore du monde à récupérer sur le plan du numérique”.

Quant à Boris Sauvage, il précise : “un transfert de valeur va s'opérer. Mais je pense que c’est la technologie qui la récupère. Quand on voit à quelle vitesse ça avance, ça va arriver très vite. Il va falloir intégrer cela. Et d’autres acteurs comme les banques arrivent déjà avec des offres de services de ce type”.

Les initiatives de l’OEC pour accompagner le déploiement de l’intelligence artificielle dans les cabinets

Les nouvelles technologies bousculent les habitudes et le champ de vision des futures missions. Presque une personne sur deux a répondu au sondage que l’IA bénéficiera surtout à la gestion et à l’analyse des données. La détection des fraudes et des anomalies ainsi que le suivi d’indicateurs en temps réel arrivent en seconde et troisième position.

Cet aspect exploration de la data grâce à l’IA fait partie des préoccupations majeures de l’OEC. En effet, les outils développés autour de l’intelligence artificielle vont dans ce sens, qu’il s’agisse d’explorer la data, pour des documents au format texte ou des données chiffrées.

ExpertCHAT, l’IA générative privée et sécurisée des experts-comptables

Boris Sauvage est clair : “dois-je interdire ChatGPT dans mon cabinet ou pas ? La réponse est non. L’enjeu est l’adoption par la profession, les experts-comptables, les éditeurs, etc”. C’est pourquoi l’OEC a édité un guide et une charte de l'utilisation en cabinet. Ensuite, vu la difficulté de construire quelque chose de vraiment sécurisé, l’OEC a opté pour le développement de sa propre IAG, ExpertCHAT.

C’est une IA générative privée et sécurisée, réservée aux membres de l’Ordre. Elle s’entraîne uniquement sur le contenu propre à l’Ordre, soit les informations relatives au régalien et à l’exercice de la profession. En outre, le moteur de réponse cite systématiquement ses sources. Il sait aussi dire “je ne sais pas”, ce qui évite les risques d’hallucination, un processus bien connu chez ChatGPT.

La Source, une data anonymisée de grande quantité à portée de main pour les nouveaux métiers

L’étape 2 de l'intelligence artificielle exige de la data. Par exemple, pour détecter des signaux faibles, c’est incontournable. Le second pilier mis en place par l’OEC pour favoriser l’intelligence artificielle en comptabilité, c’est la création d’un data lake nommé La Source.

Boris Sauvage explique que “Jedataviz permet déjà d’avoir du benchmark sectoriel. On a aussi la possibilité de sortir un rapport de durabilité, avec du comparatif sectoriel. Ce sont les premiers usages autour de la data”.

Ces étapes préparent la suivante, l’alimentation du data lake La Source. Des IA spécialisées exploiteront ensuite cet entrepôt de données. Ainsi, les experts-comptables pourront développer des missions autour des prévisions, de l’évaluation d’entreprise, du benchmarking, etc.

La compilation d’une quantité très importante de données anonymisées devient possible grâce à l’avancée de la dématérialisation des factures. Avec l’obligation de facturation électronique, le processus va s’intensifier.

Et l’humain dans tout cela ?

Tous les intervenants sont du même avis. La conclusion s’impose : l’humain reste essentiel à la réussite de la profession. Le succès ne se situe pas dans le seul choix des outils pour votre entreprise, mais dans l’adaptation des compétences et de la posture. Comme le suggère Florent  Dujardin en fin d’émission, pourquoi ne pas se rendre sur le site de l’Ordre pour choisir tout de suite une formation 2025 pour vos collaborateurs ? Si vous souhaitez approfondir le sujet de l’IA en comptabilité, ou les autres thématiques traitées, visionnez le replay ici.

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