Expert-comptable digital : Cabinet Emargence

Cette série de 4 articles a eu pour but d’en apprendre plus sur la vision de 4 experts-comptables digitaux dont le cabinet est bien avancé sur la voie de la transition digitale. Après avoir parlé à Jérémy Lebot (Cabinet Lebot), Stéphanie Gueutin (Cabinet Anexis) et David Ladame (Cabinet Experneo), c’est au tour de Stéphane Mariette, du Cabinet Emargence, de se prêter à l’exercice.

Expert-comptable et fondateur du cabinet Emargence, il nous partage ses pensées sur le futur de la comptabilité, des informations sur la structure de son offre ainsi que quelques détails sur des processus et services innovants.

Comment votre cabinet a-t-il vu le jour ? 

“C’est une histoire assez compliquée ! J’ai créé un cabinet avec l’un de mes associés en 1998, lorsque nous avons quitté l’école, et nous avons commencé par nous concentrer sur le secteur des arts et de la communication. En 2001, j’ai invité l’un de mes camarades de classe qui avait travaillé dans des cabinets comptables traditionnels à nous rejoindre dans le but de développer notre portefeuille client. 

Nous nous sommes développés progressivement au cours des années suivantes, jusqu’à ce que nous décidions de passer à la vitesse supérieure. Donc, pour ce faire, nous nous sommes mis à chercher un cabinet à acheter et avons fini par en acheter un que nous avions trouvé par l’intermédiaire d’un ami. Ainsi, avec la fusion de plusieurs cabinets, notre cabinet, Emargence, est né en 2011.”

Pouvez-vous m’expliquer comment vous intégrez de nouveaux clients ?

“En fait, le plus important pour nous est de comprendre à la fois le métier et les attentes de nos clients. Les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes, veulent un accompagnement sur mesure. Ainsi, dès la première rencontre, nous essayons de les écouter attentivement et de leur faire comprendre que ce que nous offrons est un service actif. Quelles que soient leurs demandes, nous essayons de formuler une offre client sur mesure. 

Nous avons renouvelé notre offre de base pour les indépendants afin de la rendre entièrement dématérialisée et, parmi tous nos clients, très peu nous ont quittés pour un autre cabinet plutôt que de s’adapter au changement.

En ce qui concerne les entreprises, nous avons 3 offres : Start, Essentiel et Plus (VIP).
L’offre de base Start équipe nos clients des outils nécessaires pour tout faire eux-mêmes et nous intervenons une fois par an pour leur fournir le bilan.
Ensuite, nous avons l’offre intermédiaire Essentiel qui permet aux clients d’utiliser nos outils pour faire leurs ventes sur notre outil de facturation, de nous envoyer leurs achats via Dext et ensuite nous nous occupons de la comptabilité, de la déclaration et du bilan.
Et enfin, nous proposons également une option que nous appelons VIP. En souscrivant à cette offre, le client bénéficie d’une secrétaire qui se rend au bureau du client une ou deux fois par semaine, effectue ses factures de vente et nous en transmet les données via Dext. Ainsi, le chef d’entreprise peut se concentrer sur son activité sans avoir à se soucier d’autre chose.” 

Une fois intégrés, comment faites-vous pour optimiser l’obtention des informations de vos clients ?

“Avant la Covid-19, plusieurs clients étaient assez réticents à nous envoyer leurs données via l’application Dext ou à travers l’e-mail dédié, mais comme nous avons fermé nos bureaux au début de la pandémie, ils n’ont pas vraiment eu le choix – ce qui pour nous a été en réalité un avantage. Ainsi, au cours des 12 derniers mois, nous avons vu notre taux de clients utilisant Dext passer d’un maximum de 20% à environ 95%. Depuis, il n’y a pas eu de retour en arrière !”

Comment faites-vous pour fidéliser vos clients ?

“Je pense que tout se résume à la qualité de notre travail. C’est ce que les clients voient à la fin de l’année lorsqu’ils reçoivent leur bilan, c’est ce qu’ils vivent lorsque vous leur fournissez des indicateurs financiers opportuns, qui les aident à élaborer de meilleures stratégies. 

Mais on ne peut pas cacher que la tarification joue aussi un rôle énorme. Nous avons déjà perdu des clients parce qu’ils avaient trouvé un autre cabinet avec des tarifs beaucoup plus bas mais l’année suivante, ils reviennent vers nous parce que la qualité du service n’était pas à la hauteur.

Enfin, la proximité est tout aussi importante. À l’heure où les experts-comptables et les collaborateurs assument un rôle plus proactif dans le développement des activités de leurs clients, nous devons être plus disponibles pour rencontrer et discuter des performances financières des entreprises. C’est un aspect que nos clients apprécient beaucoup.”

Comment envisagez-vous l’évolution de la comptabilité au cours des prochaines années ? 

“En tant qu’expert-comptable, j’ai toujours entendu dire que la comptabilité allait disparaître, mais en fait, ce n’est que la saisie qui va disparaître ; nos clients auront toujours besoin de nous, mais pour des raisons différentes. C’est à nous, professionnels de la comptabilité, de réfléchir aux évolutions du métier comptable et de faire le nécessaire pour rester en phase avec les exigences des entrepreneurs. Ce qui est certain, c’est que ceux qui ne font pas ce changement disparaîtront ou seront rachetés par d’autres cabinets.

Nous commençons progressivement à faire évoluer les mentalités, mais je pense que la plus grande résistance se fera sentir au sein des cabinets. Il va falloir convaincre les collaborateurs et leur trouver de nouvelles missions et de nouvelles responsabilités comme le conseil. Il faut être dynamique ; dès que nous mettons des outils numériques à disposition de nos collaborateurs, il faut qu’ils aient envie d’explorer différentes voies et de faire différentes choses comme des analyses, des suivis de clients, l’accompagnement des clients dans la mise en place d’outils, etc.

Je pense donc que la plus grande évolution de la comptabilité se fera dans la mentalité de ceux qui travaillent dans notre secteur. Je précise que l’âge n’a rien à voir avec la volonté ni l’habileté d’une personne de s’adapter aux dernières technologies. Nous avons eu un collaborateur de 27 ans qui a démissionné parce qu’il ne croyait pas aux outils que nous utilisions, il voulait travailler pour un cabinet “classique”. Mais en même temps, nous avons des clients beaucoup plus âgés qui sont très désireux d’adopter les dernières solutions digitales.”

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